Ceinture ou non, le titre WBC garde donc une valeur symbolique pour Pacquiao, peu importe ce que l’on pense des instances de sanction parfois douteuses.
De son côté, Barrios ne serait pas opposé à une seconde confrontation avec Pacquiao. Il ne gagnera probablement pas autant d’argent face à un autre adversaire, même s’il estime avoir remporté leur premier combat de manière claire.
En règle générale, une revanche se justifie quand une star incontestable comme Pacquiao n’obtient pas la reconnaissance méritée, notamment lorsque le public est convaincu qu’il a gagné. Toutefois, il est difficile pour Premier Boxing Champions (PBC), dirigé par Al Haymon, d’adopter la même stratégie promotionnelle que Top Rank de Bob Arum lors des revanches de Pacquiao face à Juan Manuel Marquez ou Timothy Bradley.
Bien que Pacquiao ait prouvé qu’il pouvait toujours rivaliser avec des adversaires de niveau mondial, la légende de 46 ans n’a plus beaucoup de combats à livrer dans la dernière phase de sa carrière relancée. Utiliser l’un de ces derniers combats pour affronter de nouveau Barrios ne semble pas judicieux : malgré son caractère compétitif et l’intérêt suscité par l’âge de Pacquiao, le combat n’était pas particulièrement divertissant.
Si le PBC continue de facturer 80 $ pour ses événements en pay-per-view, lui trouver un autre adversaire semble être une meilleure option économique pour un retour sur le ring prévu fin 2025 ou début 2026.
Les conseillers de Pacquiao doivent évidemment tenir compte de son âge lorsqu’ils sélectionnent ses adversaires, notamment ceux qui ont une grosse puissance de frappe. Mais il lui faut une opposition de prestige pour porter la promotion et susciter l’intérêt du public, surtout au vu des prix élevés du PPV de PBC.
Teofimo Lopez apparaît comme une alternative attrayante à Barrios.
Le champion The Ring et WBO des super-légers est même plus jeune que Barrios (29-2-2, 18 KOs), mais il devrait monter de sept livres pour affronter Pacquiao, que Barrios a confirmé comme étant toujours un cogneur puissant. Pour le meilleur ou pour le pire, le clivant Lopez attirerait beaucoup d’attention sur leur combat sur les réseaux sociaux.
Lopez (22-1, 13 KOs) sort d’une victoire convaincante contre Arnold Barboza Jr. le 2 mai, lors d’un gala pay-per-view de The Ring à Times Square. Il est aussi disponible, n’étant pas actuellement engagé avec Turki Alalshikh et Riyadh Season.
Cela dit, le prochain adversaire de Pacquiao n’a pas forcément besoin d’être Lopez. Il ne devrait simplement pas être Barrios, surtout en tenant compte de la fenêtre réduite de rentabilité de Pacquiao en PPV à ce stade de sa carrière.
Tszyu devrait envisager la retraite
La décision de Tim Tszyu d’abandonner dans son coin samedi soir était inattendue, compte tenu de ses déclarations d’avant-combat contre Sebastian Fundora et de son attitude dans ses duels les plus rudes.
Le boxeur australien avait affirmé à maintes reprises être prêt à mourir sur le ring avant cette revanche. Tszyu (25-3, 18 KOs) estimait que cet état d’esprit expliquait pourquoi son coin n’avait jamais sérieusement envisagé de stopper leur premier combat, en mars 2024, malgré une coupure terrifiante qu’il a supportée pendant 10 rounds.
Pourtant, quelque chose s’est brisé après le 7ᵉ round samedi. Le timing semblait étrange : Tszyu avait entamé un retour, touchant plus régulièrement avec sa droite.
Lors de son interview d’après-combat avec Jim Gray, Tszyu a quasiment reconnu que Fundora, 1m98, l’avait autant usé mentalement que physiquement. Peut-être a-t-il ressenti une douleur physique inhabituelle qui l’a empêché de poursuivre.
Ou peut-être, tout simplement, le combat brutal contre Bakhram Murtazaliev l’a endommagé mentalement plus qu’on ne le pensait. Le natif de Sydney avait pourtant démontré un courage immense en se relevant de quatre knockdowns contre Murtazaliev – un courage comparable à celui affiché lors du premier combat contre Fundora.
Aussi dur cela puisse paraître, le refus de Tszyu de continuer samedi indique qu’il devrait sérieusement réfléchir à une possible retraite.
Fils aîné de Kostya Tszyu, Tim n’a que 30 ans et est encore dans son prime physique. Mais trois de ses quatre derniers combats ont été d’une violence extrême et ont visiblement laissé des séquelles mentales.
Il a eu la chance d’obtenir des combats de championnat après ses deux premières défaites. Il est peu probable qu’on lui accorde une troisième opportunité aussi facilement. Il devra désormais s’appuyer sur sa popularité en Australie pour tenter de se reconstruire.
Mais après ce qu’il a subi lors de ses deux combats contre Fundora, et les dégâts infligés par Murtazaliev, personne ne le blâmerait s’il décidait que risquer sa vie à chaque montée sur le ring n’en vaut plus la peine.
Rodriguez s’excuse auprès de Cafu
Jesse "Bam" Rodriguez a fait preuve d’un grand professionnalisme et de respect en allant voir Phumelela Cafu dans son vestiaire après l’avoir stoppé au 10ᵉ round samedi soir à Frisco, Texas.
Rodriguez (22-0, 15 KOs), champion The Ring/WBC/WBO des super-mouches, a tenu à expliquer à Cafu (11-1-3, 8 KOs) qu’il ignorait que son prochain combat d’unification contre l’Argentin Daniel Martinez serait annoncé avant leur affrontement principal diffusé par DAZN depuis le Ford Center.
Le combat contre Martinez (18-0, 9 KOs), détenteur du titre WBA, dépendait bien sûr d’une victoire sur Cafu. Mais Rodriguez a reconnu que l’annonce faite deux semaines plus tôt par Alalshikh à propos du gala The Ring IV du 22 novembre à l’ANB Arena de Riyad semblait irrespectueuse.
Cette annonce aurait dû être faite après son combat avec Cafu, qui a perdu sa ceinture WBO. Même s’il ne savait pas qu’Alalshikh, propriétaire de The Ring, allait dévoiler ce combat aussi tôt, Rodriguez, 25 ans, a assumé la responsabilité de ce qui a pu être perçu comme un manque de respect.
Sa prestation a d’ailleurs prouvé qu’il avait pris Cafu très au sérieux. Le Sud-Africain, quant à lui, s’est sans doute gagné une autre chance contre un adversaire de haut niveau chez les super-mouches.
Pourtant, voir le brillant boxeur-puncher démonter le Mexicain Hugo Castaneda, largement surpassé, en sous-carte du combat Pacquiao-Barrios a rappelé à quel point la carrière de Russell aurait pu prendre une autre tournure s’il avait combattu plus souvent. Même à 37 ans, l’ancien champion WBC des poids plumes montre clairement qu’il peut encore rivaliser avec des boxeurs plus jeunes de niveau mondial s’il reste actif.
Reste à savoir si Russell (32-2, 19 KOs) combattra désormais plus fréquemment.
Le PBC ne propose pas de galas réguliers, n’ayant pas de partenaire télé ou streaming pleinement engagé. Même lorsque PBC collaborait avec Showtime, Fox ou NBC, l’inactivité de Russell nuisait à sa progression, malgré un talent évident.
Sa victoire contre Castaneda (15-3-1, 11 KOs), qu’il a envoyé au tapis quatre fois avant de l’arrêter au 10ᵉ round, n’était que son 7ᵉ combat depuis qu’il a remporté le titre WBC en 2015 en stoppant Jhonny Gonzalez.
Le dernier round
Pacquiao a, à juste titre, été salué pour sa performance hors du temps face à Barrios. Oleksandr Usyk est plus jeune de huit ans, mais même à 38 ans, rares sont ceux qui dominent comme le gaucher ukrainien l’a fait contre Daniel Dubois lors de leur revanche. Sa démonstration était d’autant plus impressionnante que Dubois, cette fois, était un adversaire plus accompli et confiant qu’en 2023.
Enfin, Lamont Roach mérite bien mieux que ce qui lui arrive. Quatre mois après que l’arbitre Steve Willis l’a privé involontairement d’un résultat historique face à Gervonta Davis, Roach est toujours dans l’attente. Davis doit encore décider s’il va réellement honorer cette revanche pourtant annoncée.
Keith Idec est rédacteur principal et chroniqueur pour The Ring. Il est joignable sur X @idecboxing.
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