LONDRES — Vingt-quatre heures après sa victoire aux points en huit rounds contre James Wilkins à Philadelphie, Giorgio Visioli a reçu un appel de son équipe de management lui demandant s’il serait partant pour enchaîner rapidement, en étant la tête d’affiche d’une soirée prévue la semaine précédant Noël, de retour dans la capitale.

Après des déplacements à Sheffield, Birmingham et ses débuts américains en sous-carte d’un combat de Jaron Ennis, le prospect de 22 ans conclut son année 2025 dans la même salle où il l’avait commencée — mais avec des enjeux bien plus élevés. Un titre vacant sera en jeu mercredi soir lorsqu’il affrontera Joe Howarth (14-1, 4 K.-O.), boxeur managé par Dave Allen.

« Je n’étais même pas au courant de tout ça. Joe et les autres le savaient depuis un moment avant moi, et ça m’a agacé », confie Visioli à The Ring en évoquant la rapidité avec laquelle ce combat de dix rounds pour le titre anglais des poids légers s’est organisé.

Les deux hommes seront en tête d’affiche du gala NXTGN de Matchroom, à l’indigo at The O2, dans le sud-ouest de Londres, retransmis en direct et en exclusivité sur DAZN dans le monde entier le 17 décembre.

Originaire de Wigan, Howarth attend une opportunité de ce genre depuis longtemps, même dans le rôle de l’outsider d’un combat vitrine. Il est sur le chemin de la reconstruction depuis sa courte défaite aux points en six rounds (58-57) face à Josh Sandford (alors invaincu en quatre combats professionnels), lors d’un affrontement entre espoirs invaincus chez les 61,2 kg en mars 2023.

Visioli, lui, n’avait même pas encore débuté chez les professionnels à cette époque. Il n’a rejoint les rangs payants qu’en novembre suivant, en sous-carte du revanche entre Katie Taylor et Chantelle Cameron, avant de se poser la question d’un éventuel passage à la limite des super-plumes (59 kg).

Depuis, le Scot Sandford a subi deux nouvelles défaites et est monté de deux catégories de poids, échouant récemment dans une tentative de conquête d’un titre régional chez les welters.

De son côté, Howarth reste sur sept victoires consécutives et n’a pratiquement pas concédé un seul round. Il a toutefois été envoyé au tapis en début de combat avant de se ressaisir pour s’imposer largement aux points face à Adam Sircar, décrochant ainsi une ceinture régionale des poids légers.

Auteur de deux apparitions sur des galas Matchroom cette année, Howarth espère qu’une performance marquante lui permettra de capitaliser sur cette exposition et de poursuivre son ascension face à une étoile montante en laquelle beaucoup, au sein de la promotion comme dans tout le pays, placent de grands espoirs à l’approche de 2026.

Au vu de la concentration extrême du favori d’avant-combat, il n’est guère surprenant d’apprendre à quel moment le gaucher d’Aldershot a entendu parler — ou réellement pris conscience — de Howarth pour la première fois.

« Depuis mon combat contre Kane Baker, puisque nous étions sur la même soirée. Je ne fais pas vraiment attention à lui — ça peut être mal interprété, sans vouloir paraître arrogant ou quoi que ce soit. Mon équipe va l’étudier, bien sûr, mais on est convaincus qu’on fera le travail. Je ne le prends pas à la légère, mais il représente une étape vers là où je veux aller, en direction des titres. Je m’entraîne comme si c’était un combat pour un titre mondial, avec en ligne de mire une année 2026 encore plus grande. »

Visioli (9-0, 6 K.-O.) apprécie d’être actif à une période où beaucoup de boxeurs attendent désespérément des dates et de la visibilité quant à leur avenir. Il estime toutefois avoir mérité un repos prolongé et pouvoir désormais observer le paysage des poids légers, surtout depuis que Sam Noakes s’est fait une place sur la scène mondiale.

Double champion IBF des super-plumes, Joe Cordina a reconnu après son combat qu’il devra montrer un tout autre visage que lors de sa victoire du week-end contre Gabriel Flores s’il veut faire mieux face à Abdullah Mason que ce qu’a réussi Noakes le mois dernier. Il existe cependant un écart net entre ces deux boxeurs et le reste des espoirs britanniques.

Maxi Hughes avait bien commencé mais a manqué de ressources en fin de combat contre Bakohdir Usmonov plus tôt ce mois-ci, tandis que l’ancien challenger mondial des super-plumes Zelfa Barrett se reconstruit dans une nouvelle catégorie de poids sous la houlette de Joe Gallagher, après un revers éprouvant face au nouveau champion du monde Jazza Dickens en février.

Louie O’Doherty a dominé Regan Glackin avant de s’imposer par arrêt de l’arbitre au 10e round à Glasgow, s’adjugeant la ceinture Lonsdale vacante. Mais il est admis qu’il ne possède ni la puissance ni la finesse tactique de certains de ses prédécesseurs lorsqu’il s’agit de franchir le cap entre le niveau national et l’élite.

Ancien champion d’Europe, Gavin Gwynne refuse de se laisser écarter après avoir mis en lumière les lacunes de Cameron Vuong à deux reprises sur 20 rounds, à un an d’intervalle, tandis que la prochaine génération prometteuse évolue pour l’instant dans la catégorie inférieure.

Visioli reconnaît que les sacrifices consentis n’en valaient pas les effets secondaires et estime désormais qu’il pourra exploiter pleinement son potentiel sans craindre de culminer trop tôt ni de se vider physiquement durant les camps d’entraînement.

« Nous essayions de boxer en super-plumes et de descendre à 131 livres. Je devais réduire énormément mes portions alimentaires et j’étais déjà extrêmement sec quatre semaines avant le combat, en me disant : “Je ne peux pas aller plus bas que ça.” Nous avons donc jugé qu’il était préférable de monter de catégorie. »

« Je peux manger davantage pendant le camp, la boxe n’est pas une compétition de poids. Avant, je ne pensais qu’à ça, à mon poids, mais maintenant je suis libre de me développer, de remettre mon esprit sur le combat plutôt que sur la balance, ce qui n’était pas agréable… et je n’avais même pas réussi à atteindre la limite. »

Il ne peut s’empêcher de revenir sur son expérience à Philadelphie, regrettant de ne pas avoir pu s’adapter au décalage horaire plus tôt que durant la semaine passée à tenter de le faire. Selon ses propres mots, sa performance ne l’a pas satisfait, même si beaucoup dans son entourage proche — et de nouveaux fans — ne cessaient de lui dire le contraire.

« Wilkins a eu une grande carrière amateur et a battu des gars comme Bruce Carrington, donc ce n’est pas un perdreau de l’année, mais je n’ai presque pas dormi, je me réveillais à 4 heures du matin avec faim, ce qui est encore pire quand tu dois faire le poids. C’était une expérience incroyable, je n’ai aucune excuse, mais j’aurais pu mieux faire. »

Qu’est-ce qui l’a particulièrement frustré ?

« Tout le monde était satisfait, Mark [Tibbs] disait que j’avais tout donné face à un adversaire difficile, mais je voulais en faire un peu plus : m’asseoir davantage sur mes coups et les placer sous différents angles, c’est ce sur quoi nous avons travaillé pendant ce camp. Bien sûr, je suis critique, les Américains m’ont adoré alors que je n’ai même pas été satisfait de ma prestation, mais c’est positif.

« J’ai tellement plus à donner. J’étais un amateur counterpuncher ; mes deux premiers adversaires professionnels sont venus pour me battre, mais après les avoir mis KO, plus personne ne s’est présenté face à moi.

« Je n’ai pas eu l’occasion de placer de vrais contre-coups, car quand ils viennent, ils se font surprendre par mon uppercut et se replient. J’espère que Joe viendra pour gagner — il n’a pas le choix — sinon ça lui fera du mal. Cette dynamique me convient mieux : j’ai dû aller chercher mes adversaires, et ce n’est pas ce que j’ai l’habitude de faire. J’étais un boxeur mobile et counterpuncher, il est donc temps de montrer davantage. »