Lorsque Vergil Ortiz et Erickson Lubin croiseront les gants ce week-end à Fort Worth, Texas, ce sera l’affrontement de deux des meilleurs boxeurs de la catégorie des poids super-welters. Et ce qui est intéressant dans la division des 154 livres, c’est que, bien qu’elle soit considérée comme l’une des divisions les plus récentes de la boxe et non comme l’une des « huit originales », elle possède tout de même plus de 60 ans d’histoire, et certains des plus grands boxeurs de cette période y ont détenu un titre.

Emile Griffith, Ray Leonard, Wilfred Benítez, Roberto Durán, Thomas Hearns, Mike McCallum, Pernell Whitaker, Terry Norris, Félix Trinidad, Oscar De La Hoya, Shane Mosley, Canelo Álvarez, Miguel Cotto et Floyd Mayweather ont tous été des boxeurs de niveau pound-for-pound et champions super-welters à un moment donné.

Fait intéressant, presque tous les boxeurs cités détenaient un titre à une époque où un champion clair ou dominant des poids moyens existait, ce qui les empêchait de monter de catégorie ou rendait leurs tentatives infructueuses. Comme les sauts de 140 à 147 livres, le passage de super-welter à poids moyens a historiquement été difficile. Cela pourrait encore être le cas pour Ortiz ou Lubin, mais les deux semblent à l’aise à 154 livres et prêts à émerger comme leaders dans une division excitante et ouverte.

À mi-chemin des années 2020, Jermell Charlo, l’ancien maître des super-welters, est introuvable. Bien qu’il ait été quelque peu inactif à un combat par an, il a passé 2020-2022 à accumuler les quatre ceintures majeures de la division. Il est monté de deux divisions pour tenter sa chance contre Álvarez, alors champion incontesté des super-moyens, offrant une performance étrange et non engageante avant de perdre aux points et presque disparaître du sport.

Le relatif vide de pouvoir laissé par l’absence de Charlo signifie que, lorsqu’on compte les titres intérimaires, six ceintures sont en jeu chez les super-welters. Ortiz (23-0, 21 KO) en est un de ces champions intérimaires, et son élan n’a été interrompu que par un grave problème de santé. Ortiz, 27 ans, est dans la fleur de l’âge, et bien qu’il ne planifie pas trop loin à l’avance, il réclame un affrontement avec Jaron « Boots » Ennis, l’autre champion intérimaire de la division et peut-être le plus talentueux du lot.

Si ce n’était pas pour sa bataille contre la rhabdomyolyse en 2022, Ortiz serait probablement plus avancé dans sa quête pour conquérir la division. Après une excellente carrière amateur, le boxeur de Dallas, Texas, est devenu professionnel l’été suivant son diplôme de lycée et a rapidement figuré sur la carte de Álvarez quelques mois plus tard. En fait, environ la moitié de ses combats pros ont été contre des adversaires classés ou des noms reconnus.

« C’est l’un de ces gars qui ne parle pas beaucoup mais qui s’entraîne très dur et reste extrêmement concentré », a déclaré l’ancien entraîneur d’Ortiz, Joel Díaz, en 2017.

Ortiz a également été guidé jusqu’à ce moment, bénéficiant d’opportunités promotionnelles et financières pour réussir très tôt dans sa carrière.

On pourrait alors conclure facilement que c’est un combat charnière et que Lubin (27-2, 19 KO) est le vétéran en perte de vitesse. Les défaites ressortent toujours lorsqu’on les compare à des records invaincus. Il est aussi plus âgé qu’Ortiz et est passé professionnel plus tôt.

La réalité est que les références de Lubin sont plus similaires à celles d’Ortiz qu’on ne pourrait le penser. Il n’a que 30 ans. Lubin était également un amateur de haut niveau ayant remporté plusieurs tournois prestigieux, et ses deux défaites sont survenues lors d’un choc précoce contre Charlo et dans un combat candidat au « Fight of the Year » contre Sebastian Fundora. Lubin veut venger sa défaite contre Fundora après avoir ruiné tout plan potentiel d’un affrontement Ennis-Ortiz, et il n’a pas été un boxeur inactif.

En dehors de la restructuration de son équipe et de son travail à la salle, Lubin suit la boxe et regarde tout ce qu’il peut, anciens comme récents combats.

« Je suis un étudiant du jeu », a déclaré Lubin lors d’une interview en 2022. « [Mes boxeurs préférés à regarder sont] Sugar Ray Leonard, Meldrick Taylor, Floyd Mayweather, Mike Tyson, Tyson Fury, Canelo, Terence Crawford. »

Ortiz et Lubin ont également fait plus d’efforts pour assainir la division des poids super-welters que la plupart de ses champions. Trois des quatre derniers adversaires de Lubin étaient invaincus, et il s’est battu pour atteindre le sommet de la hiérarchie pendant une décennie. Ortiz a terrassé tous ses adversaires jusqu’à ses deux derniers combats : les coriaces Serhii Bohachuk et Israil Madrimov.

Malheureusement pour Ortiz et Lubin, la qualité de leur opposition ne suffira pas à inscrire leur nom dans l’histoire. Aussi fastidieux que cela puisse être de jouer avec les organisations sanctionnaires, remporter des ceintures et les consolider reste le chemin le plus direct pour devenir plus qu’un simple champion parmi six dans une division.

C’est presque dommage de mettre face à face deux boxeurs courageux et prêts à en découdre dans une situation où, tous deux étant de bons frappeurs et prêts à échanger, l’un est susceptible de perdre lourdement. Les folies des organisations alphabétiques permettent trop de champions dans une même division, et la dispersion des entités et des intérêts rend les solutions rapides rares. Les boxeurs qui n’ont pas peur dans le ring ou dans la composition des cartes sont également rares.

Il y a une chance pour qu’Ortiz ou Lubin ajoutent leur nom à la liste des grands boxeurs respectés ayant laissé une part d’eux-mêmes chez les super-welters. En regardant le paysage de la division, la route sera difficile, mais pas impossible.