MANCHESTER, Angleterre — Sur le papier, l'affrontement entre l'infatigable Jack Rafferty et le puissant frappeur Mark Chamberlain semble certain de s’enflammer rapidement. Et lors d’une conférence de presse finale empreinte de respect, les deux boxeurs ont promis que le combat chez les super-légers tiendrait toutes ses promesses.

Samedi soir, Rafferty (26 victoires, 0 défaite, 17 KO) défendra ses titres britannique et du Commonwealth face au redoutable Chamberlain (17 victoires, 1 défaite, 11 KO). DAZN diffusera ce combat de 12 rounds depuis le Planet Ice à Altrincham.

Rafferty détient la plus longue série d’invincibilité dans la boxe britannique. Après s’être fait un nom sur le circuit des petites salles, le boxeur de 29 ans originaire de Shaw s’est rapidement adapté à la scène professionnelle de haut niveau.

En octobre, il s’est fait connaître d’un plus large public en usant Henry Turner pour remporter le titre britannique, puis il a ensuite arrêté Reece MacMillan et Cory O’Regan.

« The Demolition Man » (L’homme de la démolition) a un style spectaculaire, taillé pour la télévision, et il s’est rapidement vu confier le rôle de tête d’affiche de sa propre soirée.

« C’est un moment un peu irréel, mais je sais pourquoi ça l’est : parce que j’ai travaillé dur pour me retrouver dans cette position », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse finale de jeudi.

Le surnom officiel de Chamberlain est « Thunder » (Tonnerre), mais au cours des 18 derniers mois, il a été le plus souvent décrit comme le boxeur préféré de Turki Alalshikh.

Son Excellence a apprécié le style percutant de Chamberlain et lui a offert l’opportunité de se produire lors de plusieurs événements de la Riyadh Season. Il a impressionné en démantelant l’ancien champion d’Europe des poids légers Gavin Gwynne, puis en envoyant brutalement Joshua Wahab au tapis en moins d’un round.

En septembre, cependant, il est apparu sans énergie et sans inspiration, alors que Josh Padley l’a nettement dominé aux points lors de l’événement en sous-carte du combat pour le titre des poids lourds entre Daniel Dubois et Anthony Joshua.

Rafferty, lui, ne se base pas sur cette performance. Il s’attend à affronter la meilleure version possible de Chamberlain.

« Tu peux en tirer quelque chose si tu veux, mais il faut aussi regarder les 99 % restants de ce qu’il a bien fait pour arriver jusque-là, et se faire un nom chez les poids légers », a déclaré Rafferty.

« J’ai entendu dire qu’il visait de grandes choses, donc il essaiera sûrement d’en faire autant chez les super-légers et de me prendre ces ceintures.

Mais après tout le travail que j’ai accompli pour arriver à cette position, être assis ici à cette table avec ces ceintures autour de la taille… ça n’arrivera pas samedi soir. »

Chamberlain sera le troisième gaucher que Rafferty affrontera en dix mois.

Turner et O’Regan étaient des boxeurs intelligents et techniques, mais ils n’ont pas su faire face à la pression constante de Rafferty et à la lourdeur de ses coups puissants. Le boxeur de 26 ans originaire de Portsmouth représente un tout autre défi. Bien qu’il s’agisse de son premier véritable test chez les super-légers (140 livres), Chamberlain est un combattant grand, longiligne, qui possédait déjà une puissance réelle chez les poids légers.

Si Chamberlain parvient à trouver le bon timing et la précision, il a les armes pour faire douter Rafferty à chaque tentative d’avancée. Il sait qu’il ne peut pas se permettre de reculer facilement et se prépare à affronter Rafferty de front.

« Attendez-vous à un combat explosif entre nous deux », a déclaré Chamberlain. « Les styles font les combats. Jack est explosif et avance constamment, et je ferai de même. Je ne ferai certainement pas ce que ses précédents adversaires ont fait. Ils frappaient et couraient, puis s’épuisaient au bout de quelques rounds, avant de se faire rattraper par Jack. Attendez-vous à une vraie guerre. »

Lors du combat principal de soutien, le partenaire d’entraînement de Rafferty et champion du Commonwealth chez les poids plumes, Zak Miller (16 victoires, 1 défaite, 3 KO), défendra son titre face à Lyon Woodstock (16 victoires, 4 défaites, 7 KO), originaire de Leicester.

Dans une préparation haute en couleur, Woodstock, 32 ans, a expliqué s’être placé dans une "prison mentale" avant ce qui est probablement sa dernière chance de décrocher un titre majeur. Pour illustrer son propos, il s’est présenté à la conférence de presse vêtu d’une combinaison orange et menotté.

« Quand j’étais à la salle avec mon entraîneur, il m’a dit : ‘Tu as toujours eu ces moments dans tes combats où tu fais les bonnes choses, mais il manque quelque chose’, » a déclaré Woodstock.

« Parfois, on a beaucoup de bruit dans la tête — surtout moi — donc j’ai dû me mettre en prison. Pas physiquement, bien sûr. Mentalement. J’ai dû me placer dans une forme de solitude pour pouvoir faire ce que j’ai à faire. »

Miller, 28 ans, ne se laisse pas impressionner par les mises en scène de Woodstock. L’ancien champion britannique a récemment signé un contrat de promotion de plusieurs combats avec Queensberry et reste entièrement concentré sur sa propre performance.

« Je comprends la logique de ce que Lyon a dû faire pour se mettre dans le bon état d’esprit pendant le camp et l’entraînement, mais le fait qu’il se mette dans cette disposition mentale ne va pas m’affecter », a déclaré Miller.

« C’est juste lui qui fait ce qu’il doit faire pour lui-même. Ça ne me concerne pas. Zak Miller va simplement monter sur le ring et faire ce que Zak Miller sait faire. »

En février, Miller a livré une performance remarquable en dominant aux points le très estimé Masood Abdulah pour remporter les titres britannique et du Commonwealth. Il a depuis renoncé à la ceinture britannique. Mais le Mancunien sait qu’une victoire contre Woodstock le rapprochera du sommet d’une scène nationale des poids plumes très compétitive.

Ce ne sera pas une tâche facile. Le combatif Woodstock s’est incliné face à des boxeurs de haut niveau comme l’ancien champion du monde IBF des super-plumes Anthony Cacace et l’ancien champion d’Europe Zelfa Barrett, mais il n’a jamais été arrêté et livre toujours des prestations pleines de cœur.

Miller s’attend à ce que Woodstock soit aussi dangereux que jamais et s’est préparé en conséquence.

« Je crois que vous allez voir la meilleure version de Lyon Woodstock, et c’est pour ça qu’on s’est entraînés comme on l’a fait », a déclaré Miller. « Je n’ai jamais sous-estimé personne dans ma carrière. Lyon est un bon boxeur. Je l’ai vu monter en puissance. Je l’ai vu affronter des gars comme Zelfa et Cacace. Je le suis depuis de nombreuses années, et je pense que c’est un super combat. »

« Je respecte Lyon en tant que boxeur. Je respecte tous ceux qui montent sur le ring. C’est pour ça qu’on s’est entraînés comme on l’a fait. Jack et moi, on s’est retroussés les manches à la salle, on s’est concentrés, et on a fait le travail. Je n’ai rien laissé au hasard. »