Ricky Hatton, ancien champion du monde des super-légers et des welters, et intronisé au International Boxing Hall of Fame en 2024, est décédé dimanche à son domicile de Hyde, à Manchester (Angleterre), à l’âge de 46 ans.

The Ring l’avait désigné Boxeur de l’année en 2005.

Hatton est sans doute le boxeur britannique le plus populaire de tous les temps.

Surnommé "The Hitman", il remplissait régulièrement l’ancienne MEN Arena dans sa ville natale de Manchester et électrisait les foules à travers tout le Royaume-Uni — des célébrités aux fans issus de la classe ouvrière, qui se reconnaissaient profondément en lui.

Un bon exemple de sa popularité fut son combat contre Floyd Mayweather Jr. en 2007, où environ 30 000 Britanniques avaient envahi Las Vegas. Environ 55 000 spectateurs avaient ensuite assisté à sa victoire contre Juan Lazcano au stade de son équipe de football de cœur, Manchester City, après sa défaite contre Mayweather.

Hatton est devenu un boxeur d’élite lorsqu’il a conquis le titre IBF des super-légers face à Kostya Tszyu en 2005, forçant le membre du Hall of Fame à abandonner sur son tabouret à la fin du 11e round. Hatton a décrit ce combat comme la plus grande victoire de sa carrière.

Il enchaîna ensuite en arrêtant Carlos Maussa au neuvième round pour décrocher la ceinture WBA.

La chute de Hatton fut brutale et rapide face à Manny Pacquiao en 2009. Le Philippin mit Hatton au tapis deux fois dans le premier round, avant de le mettre KO avec un crochet du gauche au deuxième, dans ce qui fut désigné KO de l’année par The Ring.

Dans cette interview, Hatton évoquait les meilleurs adversaires qu’il avait affrontés dans 10 catégories clés.

Je pouvais lancer cinq, six, sept coups de suite – peut-être un ou deux passaient, mais il arrivait toujours à les bloquer partiellement. Probablement 60 à 70 % de ses coups touchaient leur cible. Moi, je lançais trois ou quatre fois plus de coups que lui, sans avoir le même succès. C’était une question de timing et de vitesse de main. Il savait exactement quand déclencher ses coups.

Pendant que je donnais tout, lui il encaissait, attendait que je ralentisse, puis il appuyait sur l’accélérateur et trouvait les ouvertures au bon moment. La première moitié du combat, ça allait. Il a tout absorbé. Puis quand il a vu que je faiblissais, il a trouvé les bons coups. Très intelligent.

C’était un contreur, et les contreurs, c’est probablement le pire style pour moi. Le jab de Mayweather était bon, mais ce n’était pas ce qu’on peut appeler un jab "dévastateur". Avec mon style, il faut un jab puissant pour m’arrêter dans ma marche en avant. Le jab de Magee partait très vite, il était solide, et ça me rendait méfiant à l’idée d’attaquer.

Parfois, je lançais six, sept, huit coups à la suite, et tous pouvaient manquer leur cible. Et si jamais j’arrivais à le toucher, il amortissait toujours le coup : avec l’épaule, une esquive, ou un retrait. Même les coups que je réussissais à placer, il enlevait leur puissance.

J’aurais pu le frapper pendant quinze jours sans que ça change quoi que ce soit. Il n’était pas le plus rapide ni le plus talentueux, mais il te faisait bosser pendant trois minutes à chaque round. Dès les premiers rounds, je me suis dit : « Ce combat, je ne vais pas pouvoir le finir par KO. » Je l’ai touché au corps à quelques reprises, mais chaque fois que je le frappais au menton, je dois avouer que ça n’avait aucun effet.

Je dirais Pacquiao à cause de la puissance destructrice de ses coups. Je ne veux pas donner l’impression de me trouver des excuses, mais je pense que je n’avais plus rien dans le réservoir au moment de monter sur le ring. Je m’étais énormément surentraîné.

Mais même avec ça, tu dois probablement choisir Pacquiao, rien que pour sa puissance en un seul coup qui a terminé le combat de manière aussi spectaculaire.

J’ai affronté pas mal de gros frappeurs. Vince Phillips m’a touché avec un uppercut du droit qui m’a secoué au 4e round. J’ai gagné ce combat assez facilement, mais j’ai eu un court moment de vide. Mais oui, je dirais Pacquiao.

Il était très, très rapide. J’ai essayé de prendre mon temps, comme tout boxeur le fait au début. Et quand il m’a touché avec ce direct du gauche en premier, je me suis dit : « Jésus, je ne peux pas rester à distance et le laisser utiliser cette vitesse. Je dois aller au contact. » Ce premier coup m’a vraiment pris par surprise.

J’ai combattu des gars rapides, comme Luis Collazo, Eamonn Magee avait aussi des mains très rapides. Mais là, c’était un niveau au-dessus.

Manny était vraiment rapide. Comme je l’ai dit, je n’étais pas au mieux de ma forme, mais quand il faisait ses va-et-vient explosifs, c’était impressionnant. Il surprenait des gars plus gros que lui à cause de sa vitesse de pied et de main.

Il avançait, reculait, revenait avec une telle férocité... Ce ne sont pas les coups que tu vois qui font mal, ce sont ceux que tu ne vois pas. Et je pense que son jeu de jambes y est pour beaucoup.

De très loin. J’ai prouvé à plusieurs reprises que je pouvais me donner à fond pendant 12 rounds. Mais je ne pense pas que l’arbitre me l’ait permis ce soir-là. Il m’a constamment arrêté, a brisé mon rythme, m’a empêché de travailler.

Je repenserai toujours à ce combat en me demandant : "Et si l’arbitre m’avait laissé faire mon combat, rester au contact ?" Mais Floyd, lui, avait tout sous contrôle. On aurait dit qu’il attendait que je commence à ralentir pour accélérer juste au bon moment. Il est très malin.

Ce n’est pas son volume de coups ou son activité, c’est le moment qu’il choisit pour mettre la pression, pour déclencher ses attaques. Très intelligent.

Il n’était pas très rapide, pas très technique, facile à toucher... mais c’était le seul boxeur à 140 livres que je n’arrivais pas à bouger physiquement. Quand il s’approchait, je ne pouvais rien faire pour le repousser. Très solide.

Ce n’était pas forcément un cogneur, mais il représentait tout ce qu’un boxeur doit être. On dit souvent que la boxe, c’est l’art de toucher sans être touché, et c’est exactement ce qu’il faisait. Son timing, sa défense, sa vitesse, tout était parfait.

Ce n’était pas le plus puissant, mais de loin le plus complet. Je dirais que Manny Pacquiao était le deuxième meilleur.

Le combat contre Manny a été tellement court, et j’étais loin de mon meilleur niveau, donc c’est plus difficile à juger. Mais contre Floyd, même en montant de catégorie, ma préparation était parfaite. Donc oui, Floyd en premier... puis probablement Pacquiao.