LONDRES, Angleterre — Nous sommes dans les dernières heures de la semaine du combat et, en l’absence d'une carte principale riche en noms et intrigues, quelques visages familiers dominent l’agitation, chacun espérant gagner en visibilité sur sa chaîne.

Joseph Parker est facile à repérer : soit à cause de sa silhouette imposante de 1,93 m, soit grâce à l’ambiance joviale qu’il dégage partout où il passe.

Qu’il soit coincé dans une mêlée improvisée ou poussé de côté pour laisser place à une personnalité plus connue de loin, tout va bien : Parker sourit et refuse poliment plusieurs invitations à partir, offrant généreusement de son temps. Il apprécie l’instant, mais le Néo-Zélandais préférerait être à la table des têtes d’affiche, à se préparer pour un second combat cette année.

Le patron de Queensberry, Frank Warren, avait confié à The Ring l’enthousiasme de la promotion pour garder Parker (36-3, 24 KO) en activité et potentiellement l’inclure sur cette affiche fin avril. Qu’en est-il depuis ?

Warren est revenu sur ses propos mi-mai, indiquant qu’il avait discuté avec l’équipe de Parker et qu’un retour en septembre était plus probable, avec forcément un œil sur la revanche entre Oleksandr Usyk et Daniel Dubois, diffusée en direct sur DAZN PPV ce soir à partir de 17h30 BST.

La WBO a indiqué qu’elle était la prochaine dans l’ordre de rotation, et que le vainqueur du combat Usyk vs. Dubois devra satisfaire leur challenger obligatoire – Joseph Parker, en tant que champion intérimaire. Cela signifie que Parker pourrait soit se battre pour les ceintures, soit être promu champion à part entière, comme ce fut le cas pour Dubois l’an dernier.

L’entraîneur respecté Andy Lee a affirmé dans une interview exclusive à Sky Sports que son protégé méritait amplement cette opportunité dans la course à Usyk, grâce à une série impressionnante de victoires qui l’ont transformé d’ex-champion oublié en prétendant légitime au titre mondial.

« Deontay Wilder, Zhilei Zhang, Martin Bakole. Six combats d’affilée [depuis sa défaite par arrêt au 11e round contre Joe Joyce] et chaque performance a été plus impressionnante que la précédente — je ne me souviens pas d’un poids lourd dans une telle forme sans obtenir un combat pour le titre. Il l’a mérité », a déclaré l’Irlandais en mai.

Parker, lui, admet que la provocation verbale et les déclarations tapageuses – dans lesquelles Dubois semble s’illustrer récemment – ne sont pas dans sa nature. Mais comme dit le proverbe : « Qui ne dit mot consent »… ou reste sur la touche.

Ainsi, même s’il répond habilement à toutes les questions sur la manière dont Usyk pourrait à nouveau dominer le Britannique à moins d’un bouleversement dès la première reprise, le Néo-Zélandais de 33 ans ne peut plus masquer sa frustration :

« Si j’avais pu combattre quatre ou cinq fois par an, j’aurais adoré. Pour l’instant, un combat par an, ce n’est tout simplement pas suffisant », confie-t-il à The Ring, interrogé sur son manque d’activité par rapport à la série qui l’avait relancé parmi l’élite.

Il confie préférer affronter Usyk, impressionné par le parcours du champion invaincu dans deux catégories de poids, balaie d’un revers de main les questions sur un éventuel retour de Tyson Fury pour un choc avec Anthony Joshua, et déclare devant la presse qu’il mise sur Terence Crawford pour battre Canelo Álvarez dans deux mois.

Et lui, alors ? Où en est-il vraiment ?

« C’est vrai qu’il y a eu des discussions pour affronter Derek Chisora, puis Dave Allen aussi… mais je préfère attendre le résultat [de Usyk vs Dubois] et voir comment tout ça évolue », confie Joseph Parker. Il réaffirme son envie de revenir entre septembre et octobre, tout en glissant avec humour qu’il serait prêt à combattre dès demain si on lui donnait l’occasion. Parfois, attendre n’est pas l’idéal — mais c’est la meilleure option.

Il a d’ailleurs tenu un discours similaire quelques heures plus tôt sur talkSPORT, expliquant qu’il n’avait pas grand-chose à gagner dans un éventuel combat contre Dave Allen, même si les deux hommes ont ensuite partagé un plateau d’analyse. Frank Warren a évoqué que ce combat pourrait figurer dans une future carte Queensberry vs Matchroom 5 contre 5, plus tard cette année.

« Tout le respect pour Dave et ce qu’il a accompli, mais moi je veux affronter ceux qui sont au-dessus de moi. Je veux être champion du monde, et l’affronter ne me rapprochera pas de cet objectif. Usyk ou Dubois, c’est ça que je vise. »

Le manager de Parker, David Higgins, a déclaré au média néo-zélandais Stuff qu’un accord de deux combats avec Queensberry était en place, et qu’il s’attend à ce que les ceintures se fragmentent à nouveau — ce qui permettrait à Parker de se battre pour un titre mondial complet dans environ trois mois. Un combat accéléré pour Moses Itauma et une revanche face à Anthony Joshua sont aussi des pistes régulièrement évoquées autour de lui.

Derek Chisora (36-13, 23 KOs) n’est pas oublié : il reste classé n°1 par l’IBF pour la ceinture de Dubois. De son côté, un autre poids lourd soutenu par Queensberry, Agit Kabayel (26-0, 18 KOs), attend un retour chez lui en Allemagne après avoir surmonté un premier knockdown en carrière pour finalement stopper Zhilei Zhang au 6e round, remportant ainsi le titre intérimaire WBC en février.

Faire preuve de patience alors que les projecteurs se braquent sur d’autres n’est pas chose facile — surtout quand on a un entraîneur aussi convoité qu’Andy Lee. Mais Parker sait combien le chemin a été long pour revenir à ce niveau. Un choix précipité maintenant pourrait tout gâcher.