L’icône britannique de la boxe Ricky Hatton a été retrouvé mort à l’âge de 46 ans, le 14 septembre. Il fut champion du monde dans deux catégories et détint le titre The Ring à 63,5 kg (140 livres). Plus important encore, il était un père, un fils, un frère, un oncle et un héros pour des milliers de fans dévoués qui voyageaient de loin pour assister à ses combats légendaires.

Nous adressons nos plus sincères condoléances à la famille et aux amis de Ricky. Repose en paix, Hitman.

Ici, les journalistes de The Ring partagent leurs souvenirs personnels de l’homme qu’ils ont suivi tout au long de sa carrière riche de 15 ans :

J’étais à Manchester pour l’UFC 70 en 2007 alors que Ricky se préparait pour son combat contre Jose Luis Castillo. J’ai pris un taxi jusqu’au gymnase de Billy Graham, où Ricky et son équipe m’ont accueilli chaleureusement. J’ai alors pu voir un jeune homme dans la fleur de l’âge montrer pourquoi il était l’un des meilleurs au monde. Après son entraînement, nous nous sommes déplacés dans une autre partie du gymnase pour une interview. Je n’oublierai jamais qu’avant de commencer, il est allé chercher des bouteilles d’eau pour tout le monde et a demandé si nous avions besoin de quoi que ce soit. C’était la plus grande star de la boxe britannique et pourtant il demandait si on avait besoin de quelque chose. Quel homme, simple et vrai, un homme du peuple. Certes, c’était un grand boxeur, mais je me souviendrai surtout de la façon dont il a traité un Américain qui s’était présenté à son gymnase ce jour-là.

J’ai assisté au plus grand moment de Ricky contre Kostya Tszyu, lors d’une nuit inoubliable à Manchester, et je peux le mettre en parallèle avec sa défaite contre Vyacheslav Senchenko. Avançons rapidement à octobre 2018, quand j’étais à Kiev, en Ukraine, pour la convention WBC, et les deux se sont retrouvés, me permettant d’apercevoir ce qu’il y avait derrière le masque. Hatton séjournait au même hôtel que moi avec son homme de confiance, Paul Speak. Un jour, nous avons voyagé ensemble à un événement. Ricky était d’humeur joviale et plaisantait avec Paul, comme il le faisait souvent. C’était vraiment agréable de le voir ainsi, loin des caméras, et cela m’a permis de voir le vrai Ricky. Je me souviens très bien qu’à ce moment-là, j’ai compris pourquoi il était si populaire en tant qu’homme du peuple.

L’ancien entraîneur de Ricky Hatton, Billy Graham, m’a un jour raconté le moment où il a réalisé que Hatton avait ce qu’il fallait pour atteindre le sommet.

Le jour de son combat sanglant et brutal pour le titre britannique contre Jon Thaxton en 2000, Hatton et Graham se promenaient dans Londres. Hatton était destiné à la célébrité, mais Thaxton représentait un test important. Sentant le sérieux de Graham, Hatton se tourna vers lui et dit : « Ne t’inquiète pas pour moi, Billy. Je ne crains pas de prendre une raclée. »

C’est ce type d’honnêteté humble et cette volonté de se mesurer qui ont valu à Hatton une place profonde dans le cœur des fans britanniques de boxe.

Tous ceux qui achetaient un billet ou regardaient Hatton se battre à la maison ne pouvaient qu’admirer son talent, mais ils étaient surtout séduits par sa détermination et sa manière bienveillante de faire son métier.

Ceux qui l’ont rencontré en personne l’ont trouvé exactement comme annoncé : un garçon du coin, drôle et sympathique, qui a réussi. Hatton a construit une immense armée de fans parce qu’il était un homme du peuple.

J’ai eu de nombreuses interactions professionnelles avec Hatton au fil des ans et j’aurais pensé qu’il serait facile de choisir un moment préféré dans ma mémoire, mais – sans vouloir sembler avoir choisi un souvenir obscur – j’en ai choisi un que j’ai vécu en tant que simple fan.

J’avais 19 ans quand Hatton a remporté le titre de la zone centrale en battant Tommy Peacock dans mon centre de loisirs local. J’étais captivé de voir quelqu’un de mon âge – venu de ma ville – se battre avec la classe et l’imagination que les fans britanniques ne voyaient habituellement que chez les meilleurs prospects venus d’outre-Atlantique.

Ce fut le début d’un parcours qui a mené Hatton et ses supporters vers des lieux qu’ils n’auraient pu qu’imaginer, et ce souvenir est resté gravé en moi depuis.

Dans les jours et semaines à venir, les images de la victoire sensationnelle de Hatton contre Kostya Tszyu seront repassées encore et encore. Ceux qui ont fait le pèlerinage pour le voir se battre à Las Vegas se remémoreront les voyages et raconteront ses combats contre Jose Luis Castillo, Juan Urango, Floyd Mayweather, Paulie Malignaggi et Manny Pacquiao.

Presque tous ces messages seront accompagnés d’une anecdote personnelle ou d’une note sur l’homme formidable qu’il était.

À travers ses incroyables sommets et ses bas très médiatisés, l’attitude de Hatton envers ses amis, collègues et fans n’a jamais changé. Que ce soit lors d’un événement médiatique, au bord du ring, dans un studio télé ou dans un pub, Hatton trouvait toujours le temps pour discuter et laissait les inconnus avec le sentiment de le connaître depuis des années.

D’une certaine façon, c’était le cas.

Oubliez les ceintures mondiales un instant. Cet attachement sincère et cette admiration sont la plus grande preuve de l’impact que Hatton a eu sur la boxe britannique.

Repose en paix, champion.

Pour nous, les enfants de la fin des années 80 en Grande-Bretagne, la porte de la boxe a été ouverte par Chris Eubank, Nigel Benn, Lennox Lewis et Naseem Hamed. Mais quand nous sommes tous devenus adolescents, c’est Ricky Hatton qui nous a gardés dans la pièce.

La vérité, c’est qu’une grande partie de la population a grandi en idolâtrant Ricky Hatton, et son charme d’homme ordinaire lui permettait de créer un lien avec le public comme aucun autre sportif en Grande-Bretagne.

Avoir eu la chance de couvrir la toute fin de sa carrière, puis de l’interviewer à maintes reprises, que ce soit sur un bateau à Gibraltar, dans un casino à Vegas ou lors de nombreux événements où ses boxeurs se battaient, fut un véritable privilège.

Mon moment préféré, et la dernière fois où je l’ai longuement interviewé, c’était avec George Groves pour un épisode de notre podcast. Nous avons passé la journée dans son gymnase à Hyde, enregistrant pendant des heures pour produire un programme en deux parties où il n’a esquivé aucune question. Mieux encore, une fois notre interview terminée, il nous a laissé rester pour enregistrer d’autres épisodes avec Anthony Crolla et Scott Quigg, tout en nous apportant du thé et des bouteilles d’eau. Un homme vraiment charmant. On dit qu’il ne faut jamais rencontrer ses héros, je suis content d’avoir rencontré le mien.

J’ai suivi Ricky et Manny Pacquiao durant leur promotion avant leur combat mémorable en 2009 pour un reportage dans The Ring, incluant beaucoup d’activités en coulisses. Cela comprenait des interviews où les boxeurs répétaient les mêmes questions plusieurs fois pour obtenir la meilleure réponse pour les vidéos promotionnelles, et la signature de centaines de gants. Ce genre de choses. Deux choses m’ont marqué chez Ricky : premièrement, il était intelligent. Il s’exprimait bien. Il donnait des réponses réfléchies et concises. Deuxièmement, c’était un professionnel absolu. Il comprenait le côté business de la boxe et s’engageait à faire sa part — sans jamais se plaindre — même dans les jours précédant le plus grand combat de sa vie. J’étais impressionné par le boxeur et par l’homme.