Les styles font les combats, et Shakur Stevenson et William Zepeda ne pourraient pas être plus différents dans leur manière de boxer.

Stevenson et Zepeda s'affronteront pour le titre WBC des poids légers de Stevenson ce samedi, en co-main event de "Ring III" au Louis Armstrong Stadium dans le Queens, à New York, sur DAZN en pay-per-view. Stevenson (23-0, 11 KOs), un technicien élégant originaire de Newark (New Jersey), disputera la troisième défense de son titre après avoir arrêté le remplaçant de dernière minute Josh Padley au neuvième round le 22 février.

Zepeda, de San Mateo Atenco au Mexique, a débuté sa carrière avec un impressionnant bilan de 33-0, dont 27 victoires par KO, grâce à sa pression constante et à son volume de coups. Il est devenu champion WBC intérimaire des poids légers en s’imposant par décision partagée contre Tevin Farmer en novembre, puis a défendu son titre avec succès lors d’un match revanche contre Farmer, qu’il a remporté par décision majoritaire le 29 mars.

Stevenson et Zepeda ne pourraient pas être plus opposés en termes de style. La défense et la contre-attaque de Stevenson feront-elles encore la différence ? Ou bien la pression incessante et le rythme imposé par Zepeda lui permettront-ils de créer la surprise ?

Voici les clés de la victoire pour Stevenson et Zepeda samedi soir :

La meilleure façon de ralentir n’importe quel adversaire est d’investir dans le travail au corps tôt et souvent. Contre un boxeur qui lance autant de coups que Zepeda, cela sera vital pour Stevenson.

À 28 ans, Stevenson est un puncheur au corps sous-estimé et a déjà obtenu plusieurs victoires avant la limite grâce à cela, notamment son TKO au neuvième round contre Padley. L’accent qu’il a mis sur les attaques au corps de l’Anglais — avant de le faire tomber trois fois avec des coups au ventre — serait un excellent moyen de freiner l’agression incessante de Zepeda.

Que ce soit pour conclure ses combinaisons au corps ou pour interrompre celles de Zepeda avec des crochets et uppercuts en bas, Stevenson devra attaquer cette zone de manière constante. Et s’il parvient à y trouver un succès durable, cela pourrait ouvrir la voie à une victoire par arrêt tardif et marquer enfin le combat référence qu’il cherche depuis son passage chez les poids légers.

Les réflexes de Stevenson et sa capacité à contre-attaquer dans la poche font partie des meilleurs du noble art. S’il veut obtenir cette victoire marquante, il devra rester dans la zone d’impact, faire manquer Zepeda et le faire payer — c’est probablement sa meilleure option.

Sur les 22 rounds qu’il a disputés contre Zepeda, Farmer — un gaucher technique comme Stevenson — a été le plus efficace en contre. Le coup le plus significatif des deux combats est survenu lorsque Farmer a esquivé le jab de Zepeda avant de le contrer avec un direct du gauche qui a envoyé le Mexicain au tapis au 4e round du premier duel.

Stevenson ne devra pas rester en permanence à portée de coup, mais il ne devra pas non plus fuir l’échange à courte distance. S’il peut se tenir dans la distance intermédiaire et punir Zepeda en contre à la tête et au corps avec des crochets et uppercuts pendant que ce dernier tente de réduire la distance, il aura l’avantage pour repartir avec la victoire.

Stevenson a clairement besoin d’un combat spectaculaire contre Zepeda s’il veut retrouver la faveur du public. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il doit accepter un échange de coups constant pendant 12 rounds.

Il peut livrer un combat intense sans que cela devienne un duel brutal. S’il reste à bonne distance, casse le rythme de Zepeda avec ses coups puissants et place ses contres de manière efficace, ces coups pourraient suffire à compenser le volume incessant de Zepeda.

Stevenson ne peut pas se permettre de gagner une nouvelle décision jugée ennuyeuse. Il doit montrer plus d’intensité offensive, du drame, voire du risque. Mais s’il s’éloigne trop de son style habituel et offre à Zepeda le type de combat que ce dernier espère, il pourrait bien se retrouver en difficulté — et même perdre.

Avancer directement dans la distance et balancer des coups ne suffira absolument pas pour Zepeda, surtout face à un boxeur aussi doué défensivement que Stevenson.

Zepeda, 29 ans, doit utiliser des feintes pour forcer Stevenson à réagir et à sortir de sa position. À partir de là, il pourra exploiter son style basé sur le volume de coups et sa puissance pour tenter de prendre l’ascendant sur le champion.

Le gaucher mexicain doit montrer plus de subtilité dans son approche s’il veut avoir une chance contre un boxeur aussi technique que Stevenson. S’il parvient à établir son jab et à construire ses attaques en partant de feintes, alors sa route vers un exploit devient bien plus envisageable.

Comme pour le point précédent sur la nécessité de montrer plus de nuances dans son style, Zepeda ne peut pas se permettre de se focaliser uniquement sur la tête ou le corps face à un boxeur au sens défensif aussi aiguisé que Stevenson.

Les meilleurs moments de Zepeda contre Farmer sont venus lorsqu’il envoyait des combinaisons tête-corps. Il devra attaquer les deux zones avec des enchaînements s’il espère briser la carapace défensive de Stevenson.

S’il parvient à trouver du succès en variant ses zones de frappe, cela pourrait désorganiser Stevenson, voire le ralentir au fil du combat.

Si Stevenson parvient à trouver son rythme dès les premiers rounds, les chances de victoire de Zepeda deviendront extrêmement faibles.

Zepeda doit donc commencer le combat sur les chapeaux de roues et remporter quelques rounds d’entrée. Cela pourrait forcer Stevenson à courir après le score, à prendre plus de risques et à se montrer plus agressif — exactement le type de combat que Zepeda recherche.

La meilleure chance de victoire pour Zepeda, c’est de transformer ce duel en une guerre. S’il démarre fort et empoche plusieurs rounds grâce à son volume de coups et sa pression constante, ses chances de créer la surprise augmenteront considérablement, et cela pourrait poser les bases d’une seconde moitié de combat haletante.