Aucun sport ne peut transformer la vie d’un athlète aussi rapidement et radicalement que la boxe. Et le mois dernier, la vie professionnelle et personnelle de Mark Dickinson a basculé en l’espace d’un seul week-end.
Le samedi 28 mars, Dickinson a remporté un combat intense de dix rounds face à Reece Farnhill, devenant ainsi le nouveau champion d’Angleterre des super-moyens. Une performance qui l’a installé comme une véritable menace dans la catégorie des 168 livres au Royaume-Uni.
Mais le week-end du boxeur de 25 ans allait devenir encore plus inoubliable. Le lendemain, lui et sa compagne enceinte avaient un rendez-vous très spécial.
« Le lendemain, on avait l’échographie pour savoir si c’était une fille ou un garçon », a raconté Dickinson (8 victoires, 1 défaite, 2 KO) à The Ring.
« Ça a encore plus embelli mon week-end. J’en ai presque oublié l’euphorie de la victoire, j’étais juste surexcité à l’idée d’avoir un fils. Honnêtement, c’est probablement le plus beau week-end de ma vie. »
Cette bonne nouvelle a été la cerise sur le gâteau d’un véritable moment familial pour les Dickinson.
La veille au soir, le frère cadet de Mark, Jacob, était la voix principale dans son coin, et l’a brillamment guidé vers la meilleure performance de sa carrière.
Mark n’en est qu’à son neuvième combat professionnel, mais Jacob est déjà son quatrième entraîneur.
Il avait commencé avec Ben Davison, puis était retourné auprès de son ancien coach amateur, Graeme Rutherford.
L’an dernier, quelques semaines avant sa participation au tournoi Prizefighter (finalement avorté), Dickinson se retrouvait sans salle ni entraîneur. Tony Sims est alors intervenu pour l’aider à se préparer à son combat contre Kazuto Takesako.
Après avoir subi la première défaite de sa carrière, Dickinson a décidé de rentrer dans sa région du Nord-Est de l’Angleterre, et de faire confiance à son frère, qui lui avait tenu les pattes pendant des centaines de rounds à l’époque du Birtley Boxing Club, célèbre club amateur.
Le pari s’est avéré gagnant. Jacob a élaboré le plan parfait, que Mark a exécuté à la perfection.
« Je savais qu’il me connaissait par cœur », dit-il.
« Il connaît mes forces, il connaît mes faiblesses. Je me suis dit : il n’y a personne de mieux pour m’entraîner. Je sais que certains pensaient sûrement, avant le combat, ‘Il a bossé avec les meilleurs coachs et maintenant il est entraîné par son petit frère, ça ne va rien donner’. Mais je pense avoir prouvé que c’était la bonne décision, parce que c’est, selon moi, ma meilleure performance jusqu’à présent. »
« Il y avait beaucoup de pression, pas seulement parce que c’était mon premier combat pour un titre, mais aussi parce que je savais que si je ne gagnais pas, mes jours chez Matchroom Boxing auraient pu être comptés après deux défaites de suite. Donc j’étais juste soulagé de l’avoir fait. »
Et Dickinson n’a pas seulement gagné : il l’a fait dans l’un des meilleurs combats de l’année. Farnhill est un boxeur dur, agressif, qui allait forcément mettre à l’épreuve l’endurance et la volonté de Dickinson. Mais le jeune boxeur a tenu bon, gérant parfaitement son rythme, et choisissant les bons moments pour attaquer avec vitesse et précision.
C’était une performance maîtrisée sur dix rounds, mais on y a aussi vu des éclairs de talent pur, celui qui faisait de Dickinson un grand espoir au moment de son passage chez les pros.
Battre un adversaire aussi respecté et invaincu que Farnhill envoie un message fort, et le titre anglais devrait lui ouvrir la voie à de nouvelles opportunités.
« Je suis juste content, parce que ce titre me donne une raison de rester actif », dit-il.
« Le manque d’activité, c’est ce qui m’a freiné jusqu’ici. Peut-être que je devrais être un peu plus avancé dans ma carrière, mais je suis satisfait. Ce n’est pas pareil, bien sûr, mais j’ai beaucoup appris dans de bonnes salles, en sparring avec les meilleurs. Je pense que je commence seulement à transférer tout ça dans mes combats. »
« Je ne suis plus ce jeune qui crie fort dans les conférences de presse. Je regarde certaines de mes anciennes interviews – surtout autour du combat contre Grant Dennis (victoire par TKO au 5e round en novembre 2023) – et franchement, j’ai un peu honte. »
Ce qu’on voit chez Dickinson aujourd’hui, c’est simplement de la maturité. Il a été une star en amateur, multi-titré au niveau national, membre de l’équipe de Grande-Bretagne, avec des participations aux Jeux Européens et aux Championnats du monde 2019.
Les bases du succès ont toujours été là. Il a enfin trouvé comment construire dessus.
Il entame 2025 avec une vie familiale stable et en expansion, un entourage de confiance, et surtout, une compréhension plus profonde du métier de boxeur professionnel.
« La boxe pro, ce n’est pas ce qu’on s’imagine avant de se lancer », dit-il.
« Je n’ai pas été aux JO, mais j’étais un amateur reconnu en Angleterre. Et tu crois que tu vas passer pro, faire dix KO d’affilée et que tout va rouler... Mais ce n’est pas comme ça. »
« Je pense qu’il ne faut tout simplement pas abandonner. Il faut traverser les périodes difficiles, et ne pas laisser son esprit se détourner en pensant à gagner de l’argent autrement ou à aller travailler, parce que tu dois rester concentré sur ton objectif. Tu n’as qu’une seule chance dans la boxe, alors autant y mettre 100 % d’efforts et aller aussi loin que possible. »