MONTRÉAL – Une démonstration sans équivoque

Osleys Iglesias est entré dans le ring jeudi soir en tant que numéro 3 mondial au classement The Ring dans la catégorie des super-moyens. Son adversaire, Vladimir Shishkin, était classé numéro 9.

Et bien que Shishkin ait montré de la solidité, il a été largement dominé par Iglesias durant sept rounds. Le Cubain (14-0, 13 K.-O.) a remporté toutes les reprises sur les cartes officielles des juges avant de le blesser, puis de l’achever sans lui laisser la moindre échappatoire, jusqu’à ce que l’arbitre Michael Griffin intervienne pour arrêter le combat au huitième round.

« J’avais faim », a confié Iglesias à The Ring. « En réalité, j’ai encore faim. Quand je vois un adversaire commettre des erreurs, le Tornade passe par là. J’ai senti que mes combinaisons entraient bien, qu’elles touchaient leur cible. Tôt ou tard, il allait céder, et je l’ai brisé au huitième round. »

La société de promotion Eye of The Tiger a offert à ce gaucher puissant la plateforme idéale pour exprimer son talent.

L’an dernier, il a signé quatre K.-O. face à des adversaires solides : l’ancien prétendant au titre mondial Marcelo Coceres, Evgeny Shvedenko, Sena Agbeko et Petro Ivanov.

Ces combats n’ont duré au total que neuf rounds, ce qui lui a permis de grimper rapidement dans les classements. L’activité est le meilleur allié d’un boxeur, tandis que l’inactivité est son pire ennemi.

Cette année, le rythme s’est ralenti, car la structure montréalaise a dû patienter que l’IBF organise ce combat éliminatoire face à Shishkin. Il semble que ce temps de repos ait finalement porté ses fruits.

Camille Estephan, président de Eye of The Tiger, est convaincu que son boxeur a un potentiel illimité :

« Ce que nous venons de voir prouve que nous avons un talent générationnel. Osleys Iglesias avait besoin d’un adversaire pour montrer sa valeur, et il l’a fait. Il a envoyé un message clair à toute la division : il est prêt à tous les battre. »

De son côté, Antonin Décarie, directeur général de la société, avait déjà affirmé plus tôt dans la semaine qu’Iglesias était encore meilleur que ce qu’il avait montré jusque-là, et il a réaffirmé ses propos après cette prestation impressionnante :

« Je maintiens mes propos à 100 %. Il sait boxer quand il enchaîne ses coups. Il a beaucoup de vitesse, de variété dans les angles, et même si un jour nous affrontons un adversaire que nous ne parvenons pas à mettre K.-O., je ne suis pas inquiet. Je ne pense pas qu’il ait perdu un seul round ce soir, et pourtant Shishkin est un très bon boxeur. Il a paru ordinaire, mais c’est uniquement parce qu’Iglesias est tellement fort. Dès le premier round, il a été touché par un crochet du droit. J’ai été impressionné par sa capacité à encaisser. »

Le promoteur de Shishkin, Dmitriy Salita, a lui aussi reconnu la qualité du Cubain :

« Mon boxeur est de classe mondiale, mais celui-là est un élite. »

Très vite, la question de la suite s’est posée. Et les discussions semblent déjà engagées.

« Nous savons déjà qui sera le prochain adversaire de Canelo s’il gagne », a déclaré Décarie. « Si c’est Crawford qui l’emporte, je ne le vois pas affronter un boxeur de la taille d’Iglesias, ce ne serait pas une décision avisée. Nous allons donc devoir établir un plan. Mais je pense que nous avons très bien travaillé ces dernières années, donc je ne suis pas inquiet. Il suffit d’être intelligents et de le maintenir actif. »

Ce succès tombe à pic, car dans quelques jours Estephan et Décarie s’envoleront pour Las Vegas afin d’accompagner leur autre super-moyen de premier plan, Christian Mbilli. Le Montréalais, classé numéro 1 mondial par The Ring et détenteur du titre WBC intérimaire, défendra sa ceinture contre le dangereux Lester Martinez.

Estephan a ajouté :

« Nous avons discuté avec Turki Alalshikh au sujet d’Osleys, et Son Excellence m’a dit qu’il aimerait le voir dans l’un de leurs galas. Nous verrons donc quand cela pourra se faire. L’essentiel, pour moi, est qu’Osleys continue de boxer, de gagner et de mettre la pression jusqu’à obtenir le titre mondial. »

Iglesias, lui, est satisfait du message envoyé :

« Je sais qu’ils ont vu, je sais qu’ils me connaissent désormais. Je pense que le moment est venu. Je pense qu’Alalshikh sait qu’il est temps de me donner ma chance. Il sait que j’offre du spectacle… et il est temps pour moi de prendre le contrôle de la catégorie des 168 livres. »