Amanda Serrano n’aurait pas pu se battre plus durement.

Lors de deux soirées en 2022 et 2024, la Portoricaine basée à Brooklyn est passée des poids plumes aux poids légers, puis aux super-légers, pour affronter la superstar irlandaise Katie Taylor dans une paire de combats qui ont produit l’un des événements les plus rares du sport.

Elles ont stoppé le monde de la boxe. Peu importe les résultats, Serrano et Taylor se sont imposées comme des icônes d’un sport féminin trop souvent dénigré, et ont été grassement récompensées pour cela.

Ce vendredi, au Madison Square Garden de New York, elles se retrouveront pour un troisième affrontement, et Serrano devrait se battre aussi férocement que lors des deux premiers combats.

Mais cette fois, elle s’attend à gagner. Un résultat que beaucoup estiment qu’elle méritait déjà lors de leur premier combat dans le même ring du Garden, et encore plus lors de leur revanche en novembre. Mais, comme toujours, les seules opinions qui comptent vraiment sont celles des trois juges au bord du ring.

« Perdre n’est jamais amusant », a déclaré Amanda Serrano lors de la conférence de presse finale mercredi, au Théâtre du Madison Square Garden. « Mais tu ne perds que si tu as l’impression d’avoir perdu, et je n’ai pas eu cette impression. Mon équipe m’a dit que je n’avais pas perdu, qu’ils étaient fiers de moi, donc je vais bien. Comme dit Jake Paul, transforme cette défaite (L) en victoire (W), et c’est ce qu’on va faire vendredi soir. »

Serrano (47-3-1, 31 KOs) est championne du monde dans sept catégories de poids. Sa première défaite, face à Frida Wallberg, remonte à son 16e combat en 2012. Elle est donc restée invaincue pendant près d’une décennie avant que la décision partagée ne donne l’avantage à Taylor dix ans plus tard.

Cette défaite faisait mal, mais la revanche fut encore plus douloureuse : Serrano a failli arrêter Taylor au début du combat avant que la championne ne réagisse et tienne la distance. Au passage, un choc de têtes a ouvert une vilaine coupure au-dessus de l’œil droit de Serrano, tandis que Taylor a perdu un point au 8e round pour des coups de tête.

Lorsque le dernier round, aussi intense et spectaculaire que celui de leur premier combat, s’est terminé, tout le monde s’attendait à ce que Serrano égalise les comptes.

Mais non. Ce qui laisse une question cruciale avant ce troisième combat : que peut faire Serrano de plus pour battre Taylor, si ce combat ressemble aux deux précédents ?

« Je suis toujours prête à m’améliorer », a déclaré la boxeuse de 36 ans, qui a déplacé son camp d’entraînement de Brooklyn à Porto Rico pour cette préparation. « Évidemment, les juges ne m’ont pas vue gagner le combat, donc quelque chose doit changer, et je suis prête pour ça. »

« C’est ce qu’on a fait pendant le camp. Je vais utiliser ma tête, mais pas comme elle a été utilisée contre moi. On va être plus intelligents. Je travaille dur à chaque camp, mais cette fois on a travaillé plus intelligemment, et je crois qu’on peut sortir victorieuses. »

Serrano s’est rapidement corrigée.

« Nous allons sortir victorieuses. »

Concernant la coupure — qui avait nécessité huit points de suture —, Serrano ne s’inquiète pas de la voir se rouvrir à cause d’un coup ou d’un choc de têtes. Et si cela devait arriver, tant pis.

« Si j’avais des inquiétudes, je n’aurais pas accepté le combat », a-t-elle déclaré. « Je suis une guerrière, je vais entrer là-dedans et si la coupure se rouvre, on est préparés. Vous avez vu ce que j’ai fait. J’ai combattu jusqu’au bout lors du dernier combat, et je le referai encore et encore si nécessaire. Je suis une guerrière. »

Et elle l’est, une vraie guerrière — son palmarès en est la preuve. Mais même les plus grandes guerrières finissent par s’user. Et après 20 rounds d’une intensité infernale, beaucoup se demandent si c’est Taylor ou Serrano qui se réveillera vendredi en n’étant plus la même boxeuse. Cela dit, on disait la même chose à propos de Muhammad Ali et Joe Frazier avant leur affrontement à Manille… et on sait tous comment ça s’est terminé.

Il faut donc s’attendre à une nouvelle guerre dans un combat que Serrano pense pouvoir enfin remporter. Mais si elle y parvient, ne comptez pas sur un quatrième affrontement.

« J’en ai un peu marre de Katie Taylor », a plaisanté Serrano. « On a partagé de grands moments, de grands combats, mais bon, deux c’est mieux qu’un, non ? Donc elle en aura deux, j’en aurai un, et elle devra vivre avec ça. »