Avant le retour tant attendu à Sydney ce week-end, George Kambosos Jr fait une pause et réfléchit à sa vie avant la boxe : un parcours de 20 ans qui l’a mené au sommet du monde avant de revenir sur ses terres.

Il confie à The Ring : « Je restais assis pendant des heures, non pas à faire mes devoirs scolaires, mais à faire mes devoirs de [boxe], en regardant des combattants et des légendes.

« On nous donnait des cassettes de combats et on me disait ‘regarde Corrales contre Castillo’, ‘regarde ces combats, regarde Gatti contre Ward’.

« En tant que gamin, tu commences à rêver, tout tourne autour d’un rêve. Tu te mets à visualiser : ‘tu sais quoi, peut-être qu’un jour, je pourrai conquérir le monde’. »

Deux décennies plus tard, Kambosos Jr est prêt à se battre chez lui à Sydney, où il est né, pour la première fois depuis 2016.

Ces huit dernières années ont été mouvementées pour Kambosos Jr (21-3, 10 KOs).

À 31 ans, il est devenu le partenaire d’entraînement principal de Manny Pacquiao, combattant sur deux de ses cartes. Il a battu Mickey Bey et Lee Selby en terrain hostile avant de détrôner Teofimo Lopez et s’imposer comme le roi incontesté des poids légers en remportant les ceintures unifiées des 135 livres dans la « petite salle » du Madison Square Garden.

Bien qu'il ait perdu ces titres lors de son combat suivant contre Devin Haney, Kambosos Jr a ramené la boxe de haut niveau à Melbourne et Perth avec deux combats pour le titre incontesté contre l’Américain et un autre contre Vasiliy Lomachenko, attirant près de 100 000 spectateurs au total et générant des millions de dollars en revenus de billetterie.

Samedi soir, la Qudos Bank Arena de Sydney accueillera Kambosos Jr face à son adversaire de substitution, son compatriote australien Jake Wyllie (16-1, 15 KOs), après que son opposant initial, Daud Yordan, ait dû déclarer forfait pour raisons médicales. Le combat sera diffusé en direct sur DAZN.

En cas de victoire, une chance pour le titre IBF des super-légers contre Richardson Hitchins l’attend cet été à New York.

On pourrait croire, à tort, que Kambosos Jr prend à la légère un adversaire encore peu éprouvé comme Wyllie, alors que Hitchins l’attend au tournant. Il n’est un secret pour personne que Kambosos Jr utilise souvent les réseaux sociaux pour lancer des piques verbales à ses rivaux.

Une semaine, c'est Hitchins, la suivante, Lopez. Gervonta Davis a même été pris pour cible ces dernières semaines.

Mais il précise : « J’ai déjà connu de grands combats où une énorme opportunité se profilait à l’horizon, alors ce n’est pas une première pour moi. Mais je reste concentré. Je sais que cette chance de retourner à New York pour tout gagner à nouveau est là, mais je ne vais pas perdre mon objectif de vue.

« Mais tu sais, si quelqu’un tente un coup bas contre Kambosos, dans 99,9 % des cas, je vais répliquer et toucher ma cible. Je suis le numéro un pound-for-pound sur Twitter. Personne ne gagnera contre moi là-dessus.

« Je reste l’un des plus grands noms du sport. On parle de moi tous les jours sur les réseaux sociaux, et même des champions du monde me mentionnent. J’en suis très fier. Si quelqu’un me cherche sur les réseaux, je ne laisserai rien passer. »

Kambosos Jr admet qu'il a été victime d’intimidation étant enfant. « Ma vie n'était pas brillante à 10 ans », dit-il. Il jouait au rugby à XIII et rêvait de devenir professionnel avant que son père, Jim, ne l’emmène dans une salle de boxe.

Ses kilos en trop ont fini par se transformer en muscles, et l’intimidation a cessé. Kambosos est devenu accro à ce sport. Il poursuit : « On me demande souvent comment on peut tomber amoureux de ce sport brutal, où il faut frapper un autre homme et tenter de le mettre KO pendant qu’il essaie de faire la même chose avec toi. Mais il y avait quelque chose dans cette forme de combat brut.

« Cet aspect brut, où tout repose sur moi, où je peux façonner ou briser ma carrière selon mes choix. Et évidemment, perdre tout ce poids et devenir cet athlète d’élite était incroyable. »

L’ancien champion du monde unifié attribue également son attitude combative à ces années de jeunesse. Il serait facile de rester humble et discret dans un sport dominé par les Américains, mais Kambosos Jr s’est juré, il y a longtemps, qu’il ne se laisserait plus jamais intimider, d’où son approche provocatrice envers ses adversaires.

« Je ne vais pas me laisser intimider », affirme-t-il. « Je suis déjà passé par là, et je vais me défendre. Je pense que tout remonte à ces moments où je me faisais harceler avant d’entrer dans la boxe. »

D’ici la fin de l’année, Kambosos Jr pourrait redevenir champion et même conquérir un deuxième titre mondial en montant à 140 livres. Hitchins est un adversaire rusé et pourrait lui poser les mêmes problèmes que Haney à Melbourne.

Une défaite ne signerait cependant pas la fin de sa carrière. Il en compte déjà trois à son actif et a souvent insisté sur le fait que perdre face à l’élite ne devrait pas être un critère de jugement pour un boxeur.

« Je pense que la plupart des fans commencent à oublier l’importance d’un palmarès vierge et apprécient que les meilleurs affrontent les meilleurs. Le modèle de la boxe est en train de changer », dit-il.

« Les seuls gars qui m'ont battu sont des légendes du sport. Tant que les fans se souviennent que ‘ce gars-là a toujours affronté les meilleurs, il a accepté tous les défis, il a tout fait pour créer un héritage et une histoire, et il n’a jamais fui personne’.

« C’est ça, un vrai guerrier.