LONDRES, Angleterre — C’était dans les années 1990 lorsque le père de Dillian Whyte a prononcé une phrase qui n’avait alors pas beaucoup de sens pour le jeune garçon.

Ce n’est que maintenant, à l’approche d’un combat charnière que beaucoup pensent qu’il va perdre, que ces mots prennent tout leur sens pour le boxeur de 37 ans.

« Tout le monde veut aller au paradis, » dit Whyte, « mais personne ne veut mourir. »

« Quand j’étais enfant, mon père me disait tout le temps des choses un peu aléatoires, dont la plupart n’avaient pas de sens. Mais maintenant que je vieillis, je comprends ce qu’il essayait de me dire, et il me manque. »

À première vue, cette maxime pleine d’émotion peut se comprendre de différentes façons, mais avec son rendez-vous du 16 août en PPV sur DAZN contre le jeune et apparemment invincible Moses Itauma qui approche à grands pas, son importance est évidente pour Whyte.

« Ça veut simplement dire : n’aie pas peur de prendre des risques, » ajoute Whyte. « Ne laisse pas les gens te décourager quand tu sais où tu veux aller.

« Si tu y réfléchis, il y a des prêtres et des papes qui passent des dizaines d’années à l’église, et quand arrive le moment de mourir, ils paniquent. Pourquoi avoir peur de mourir ? Tu es un homme de Dieu, tu espères aller au paradis.

« Tu ne devrais pas avoir peur de mourir parce que c’est le seul moyen d’y parvenir. Moi, je pense que personne ne veut affronter Moses, il est jeune, vif et plein d’énergie, mais tu dois croire en toi et prendre des risques. Parfois, il faut prendre des risques pour atteindre l’endroit où tu veux aller.

« Bref, pour faire court, je crois en moi. »

Whyte a presque deux fois l’âge de son adversaire et compte 34 combats professionnels à son actif. Moses Itauma (12-0, 10 KO) est un prospect que beaucoup aimeraient soutenir, avec un potentiel apparemment illimité dans la division des poids lourds.

On dit que le jeune de 20 ans est bien placé pour succéder à Oleksandr Usyk, champion incontesté, une fois que l’Ukrainien décidera de prendre sa retraite. Whyte, qui vit et s’entraîne au Portugal, a entendu parler de tout cela, mais ne s’y attarde pas trop.

« Ils disent qu’il est le gars le plus dangereux de cette génération et de la suivante, » déclare-t-il. « Donc je suppose que c’est une bonne chose pour moi. Je laisse les experts décider.

« Ces dernières années m’ont appris que c’est ce que je fais, ce que j’aime faire, et que je dois en profiter, me concentrer et apprécier ça, car c’est là aujourd’hui et peut disparaître demain. Tu peux être le roi aujourd’hui et ne plus rien valoir demain.

« Si je rentre là-dedans et que je bats Moses en un round, qu’est-ce que les gens vont dire ? Aujourd’hui, il est présenté comme le prochain Mike Tyson, un grand, un incroyable, et on parle même d’un combat contre Usyk. Mais si je vais là-bas, que je fais mon truc, que je l’attrape et le bats rapidement, alors ? Cela veut-il dire qu’il n’est plus bon ? Non, cela veut juste dire que c’était un bon combat et qu’il s’est fait surprendre.

« Il y aura un combat le 16 août. Je vais faire ce que je sais faire. Qu’il soit l’attraction principale ou pas, que je sois en A-side, B-side ou C-side, quelqu’un va finir au sol, et c’est tout ce qui compte. »

Alors que beaucoup d’autres poids lourds, dont le rival de longue date de Whyte, Derek Chisora, ont refusé d’affronter Itauma, le Londonien d’origine jamaïcaine n’a eu aucun problème à accepter ce combat. Il était simplement heureux de revenir sur le ring.

Comme il le dit lui-même, il a été « mis au placard » pendant quelques années. Après avoir perdu sa première et unique tentative pour le titre mondial des poids lourds face à Tyson Fury en avril 2022, Whyte est revenu en novembre suivant pour battre de justesse Jermaine Franklin à la Wembley Arena.

Cette victoire lui avait valu une revanche très attendue contre Anthony Joshua, mais celle-ci a été annulée après que Whyte ait présenté des « résultats analytiques adverses » lors d’un test VADA effectué avant le combat.

En mars 2024, il a été autorisé à reprendre sa carrière après qu’une enquête ait confirmé que ces résultats étaient dus à un complément contaminé. Whyte est revenu ce même mois avec une victoire discrète contre Christian Hammer en Irlande. Il a depuis combattu une fois de plus, forçant Ebenezer Tetteh à abandonner après sept rounds lors de leur affrontement à Gibraltar.

Au début de l’été, Whyte confiait à The Ring qu’il continue de se battre parce qu’il est convaincu qu’il peut se frayer un chemin vers une nouvelle tentative pour un titre mondial. Mais on sent aussi qu’il ne connaît rien d’autre que la boxe.

« Il y a deux ou trois ans, quand j’étais assis à regarder tout ça se dérouler, je me disais : ‘Merde, il faut que je retourne à la table,’ » explique-t-il. « Et maintenant j’y suis, parfois c’est un peu surréaliste. Ça montre que le travail dur, la détermination et la résilience finissent par payer.

« Mais j’ai toujours été un combattant. Je suis né au cœur d’un ouragan. En 1988, quand ma mère m’a mis au monde, un ouragan a soufflé et arraché le toit. Je sais juste comment persister. Je suis extrêmement têtu.

« Tout ce que j’ai fait dans ma vie, c’est combattre et lutter. Pour tout le reste, j’ai encore à apprendre. Je dois apprendre à être un meilleur être humain, une personne de foi, plus aimante, attentionnée. Mais combattre et être parmi les animaux, ce sont les deux choses que je maîtrise le mieux. »

Pour l’instant, cela signifie s’occuper de ses 22 chiens. Certains sont à Londres avec sa famille, d’autres avec lui là où il réside au Portugal. Un des chiots récemment nés partira avec Mike Perez, un partenaire d’entraînement principal, une fois le camp terminé. C’est pourquoi le statut d’outsider ne le dérange pas du tout.

« Comme vous le savez, » ajoute-t-il, « je suis un homme à chiens.

« Donc tout ce qui concerne les chiens, j’y suis tout le temps, chaque jour. Je suis un outsider, un chef de meute, un chien du bas, un chien de tête, un chien de côté. Tant qu’il y a un chien impliqué, je suis dedans à fond. »