Quelques heures avant que
Daniel Dubois ne mette KO
Anthony Joshua devant 96 000 personnes au stade de Wembley en septembre dernier, lui et son père Stan avaient organisé une fête chez eux, dans l’Essex.
Même si l’équipe Dubois ne le savait pas encore, cette soirée faisait en réalité office de célébration anticipée : celle de l’avènement d’une nouvelle superstar des poids lourds sur le sol britannique. Joshua venait d’être brutalement mis au tapis, projeté contre les cordes du bas du ring, tandis que
Tyson Fury, trois mois plus tard, échouait à reconquérir ses ceintures mondiales face à Oleksandr Usyk.
Les préparatifs de la fête sont de nouveau en cours ce week-end, alors que Dubois (22-2, 21 KO) s’apprête à affronter à nouveau Usyk (23-0, 14 KO), qui l’avait déjà
battu en août 2023, cette fois pour le titre incontesté de champion du monde des poids lourds.
« On avait fait une petite fête à la maison avant le combat contre AJ, » raconte Dubois à
The Ring.
« Le jour du combat, oui. Mon père avait invité pas mal de gens qu’il connaît, c’était bien, il y avait de la musique et à manger. On va refaire pareil, je ne sais pas combien de personnes il y aura, mais tout le monde est dans un bon état d’esprit. »
« Moi je ne mangerai pas trop, faut pas monter sur le ring plein et gras. »
Cette fois-ci, la revanche contre
Usyk aura lieu sur ses terres. Dubois deviendra le premier boxeur de l’histoire à combattre en tête d’affiche au Stade national (Wembley) lors de deux événements consécutifs. Une victoire ferait de lui, en quelque sorte, le nouveau roi de Wembley.
« Ça va être un moment historique. Quand je gagnerai à Wembley, ce sera chez moi. Avant, c’était chez Joshua, c’était lui l’homme fort, mais maintenant, ce sera à moi. »
« Je sais qu’il y a encore beaucoup de gens qui ne me considèrent pas comme l’homme de la situation, donc je dois m’assurer de marquer les esprits... Je suis cet homme. Je ne sais pas pourquoi c’est comme ça pour nous... c’est juste comme ça que ça s’est passé. Les gens parlent de sa défaite et de comment lui va revenir, tout ça... Écoutez, j’ai une chance de remettre les choses en ordre. Et je vais le faire. »
Le premier combat de Dubois contre Usyk, au Wroclaw Stadium en Pologne, s’était soldé par une défaite par TKO au neuvième round pour le colosse londonien. Une fois encore, des doutes avaient été émis sur son courage et sa capacité à résister à une pression intense sur le ring. C’est un simple jab qui avait envoyé Dubois à genoux. L’arbitre Luis Pabon avait mis fin au combat quelques secondes plus tard, et cette deuxième défaite en carrière était inscrite sur son palmarès.
Ce combat marquait les débuts de Dubois avec son entraîneur Don Charles, qui s’était montré très expressif lors de la conférence de presse annonçant la revanche, fin avril. Charles croit toujours que Usyk, qui s’était écroulé après un coup au corps au cinquième round, avait exagéré la douleur pour gagner du temps — ce que le coach de 62 ans considère comme une frappe légale.
Depuis cette défaite (pour laquelle Dubois et Charles n’avaient eu que 14 semaines de préparation), le duo a enchaîné les victoires, mettant KO Jarrell Miller, Filip Hrgovic et Anthony Joshua en l’espace de dix mois — remportant au passage la ceinture IBF après qu’Usyk l’a abandonnée.
Dubois a traversé des moments difficiles face à Miller et Hrgovic, mais a fini par s’imposer par arrêt de l’arbitre. La confiance affichée lors de sa victoire contre Joshua est venue en grande partie de ces deux épreuves qui l’ont endurci.
Son chemin le ramène aujourd’hui à Usyk, qui, depuis sa victoire contre Dubois, est devenu champion incontesté en infligeant à Tyson Fury sa première défaite, en mai 2024, puis en confirmant sa suprématie lors de leur revanche en décembre.
« C’est un moment où la boucle est bouclée, d’être ici avec Don. On dirait que les étoiles se sont alignées et que tout revient en place, » ajoute Dubois.
« On est de retour là où tout a commencé, donc j’ai hâte de faire mon boulot et d’écrire l’histoire. »
« C’est un combat énorme, vraiment énorme. Et ce sera une grande soirée, avec une grande victoire. »
« J’ai hâte de le mettre KO, de le finir, et de mettre un terme à tout ça une bonne fois pour toutes. Je me prépare depuis longtemps pour ce moment, j’ai vraiment hâte de remettre la main sur lui. »
Sur le plan physique, Daniel Dubois est un véritable spécimen : il possède tous les atouts nécessaires dans son arsenal pour viser les sommets de la division reine de la boxe.
C’est sur le plan mental que des doutes ont longtemps pesé sur lui. Mais depuis août 2023, ces interrogations semblent, lentement mais sûrement, s’être dissipées.
À l’approche de son KO destructeur contre Anthony Joshua, le boxeur de 27 ans avait pour habitude de fixer chaque jour l’arche de Wembley — visible au loin depuis la ferme-salle de sport de son entraîneur Don Charles, en périphérie nord de Londres — avant chaque séance d’entraînement.
Et il admet que cette obsession pour l’arche de près de 2 000 tonnes est toujours bien présente.
« Tous les signes sont là. Je la regarde encore chaque jour. Je la fixe. » dit-il.
« On travaille dur depuis longtemps maintenant. On se prépare pour gagner. Pas question de rentrer à la maison en faisant la tête. »