Dan Azeez n’est pas du genre à passer inaperçu. Avec un sourire espiègle sur le visage, des mois après une défaite par décision majoritaire en 12 rounds face à Lewis Edmondson, le boxeur de 35 ans planifie patiemment un retour en 2025 après avoir perdu des titres et de l’influence au cours de l’année écoulée.

Lors de notre conversation, il est encore occupé à célébrer la performance aboutie de son ami et partenaire d’entraînement Denzel Bentley (21-3-1, 17 KO), qui a dominé Brad Pauls le 7 décembre pour récupérer le titre britannique des poids moyens et ajouter une ceinture européenne à sa collection grandissante.

Il n’y a aucune nouvelle concernant une date de combat pour l’un ou l’autre des combattants après deux mois et demi dans la nouvelle année, bien que l'un d'eux ait récemment défendu son rang de numéro 1 dans une organisation de sanction. L'autre est actuellement non classé par les quatre grands organismes et se retrouve à l’extérieur, cherchant à revenir sur le devant de la scène par tous les moyens.

Pour le résident de Lewisham (20-2-1, 13 KO), qui n’a pas gagné de combat depuis 19 mois au moment de l’écriture, il s’agit avant tout d’une question de perspective. L'ancien champion européen, britannique et du Commonwealth des poids lourds légers sait que le temps ne s’arrête pour personne dans un sport en constante évolution, impitoyable avec l’échec, quelles que soient les circonstances.

En repensant aux douze derniers mois, Azeez n’a pas cherché à enjoliver les choses. « J’ai eu une année catastrophique. Trois combats, deux défaites et un match nul. C’est quoi ça ? Ce n’est pas assez bon », a-t-il déclaré à The Ring.

Beaucoup d’observateurs se sont interrogés sur la pertinence pour Azeez de combattre le Croate Hrvoje Sep (12-2-1, 9 KO), à peine quatre mois après sa défaite contre Joshua Buatsi dans leur tête d’affiche BOXXER pour les titres britannique et du Commonwealth. Sep, âgé de 38 ans, est arrivé dans ce combat à Selhurst Park sans fanfare, mais avec une carrière amateur distinguée qui s’est terminée aux Jeux Olympiques de 2016, ce qui a donné à Azeez beaucoup de mal durant huit rounds éprouvants. Ayant été dominé lors de la première moitié du combat, Azeez a montré un bel esprit de combat en fin de parcours pour arracher un match nul de 76-76.

Reste que, fidèle à ce combat serré, Azeez s’est senti lésé après une défaite par décision majoritaire en 12 rounds contre Lewis Edmondson (10-0, 3 KO) il y a quatre mois. Malgré une fin de combat solide, où Azeez a réussi à reprendre le dessus après une déduction de point dans le onzième round, il avait pris une avance et avait probablement fait suffisamment pour rebondir après une paire de performances décevantes.

« Honnêtement, je pensais avoir gagné, mais si tu laisses ça aux juges... c’est ouvert à la discussion, donc tu ne peux vraiment pas te plaindre. Ils lui ont donné la victoire et c’est tout, j’ai essayé d’obtenir une revanche mais ils ont dit non, on passe à autre chose », a-t-il ajouté.

Parmi les meilleurs poids lourds légers britanniques en activité, Azeez et son ancien adversaire Shakan Pitters sont les plus âgés de la catégorie à 35 ans. Tandis que Pitters combattra Daniel Blenda Dos Santos pour le titre européen qu'Azeez détenait le 4 avril, celui qui l'a battu de manière convaincante à Liverpool il y a deux ans et demi se retrouve à reconstruire sa carrière, un processus que peu d’autres accepteraient.

« Je suis passé pro quand j’avais 28 ou 29 ans, ma voix n’a pas changé avant 19 ans, j’ai eu de la barbe un an plus tard. J’ai développé plus tard que d’autres, donc écoute, ça va, j’ai encore quelques années devant moi. J’adore la boxe, même si je dois aller dans un autre pays sur un petit show et retravailler mon chemin vers le sommet, je le ferai. Je ne me sens pas privilégié, les résultats parlent d’eux-mêmes et tu te fais recaler – c’est la vie. Je n’avais pas imaginé gagner le titre de la région sud et regarde ce que j’ai gagné jusqu’à présent ? Je dois apprécier ça, même quand je me sens au fond du trou. »

Azeez parle bien de se sentir chez lui, s’entraînant aux côtés de Bentley et d'autres au Peacock Gym à l'est de Londres, où le champion IBF des poids lourds Daniel Dubois a fait ses premiers pas dans le monde professionnel.

« Ils me connaissent très bien, c’est important d’avoir des gens qui t’aiment et se soucient de toi. Ce sport est dur et impitoyable, donc tu as besoin de personnes là pour ton intérêt, qui veulent plus pour toi que pour eux-mêmes, ce qui est difficile à trouver. »

Il y avait pourtant un intérêt concret pour des affrontements contre Craig Richards, Lyndon Arthur et Anthony Yarde, mais ces combats ne se sont pas réalisés. Les deux derniers auront leur trilogie sur la sous-carte de Chris Eubank Jr contre Conor Benn le 26 avril, tandis que Richards (18-4-1, 11 KO) ne peut se permettre une autre défaite et se dirige vers Belfast ce mois-ci pour affronter Padraig McCrory le 1er mars.

Azeez a déclaré à talkSPORT avant Noël que ses compatriotes dans la catégorie sont en grande partie plus intéressés par les combats de type « croisée de chemins » plutôt que de se lancer dans de véritables affrontements.

« C’est bien de combattre un inconnu européen, mais tout le monde s’intéresse aux combattants qu’ils connaissent, donc si on peut trouver un bon partenaire de danse domestique, pourquoi pas ? Je suis prêt à combattre n’importe qui, Edmondson est arrivé parce que c’est un nom qu’ils ont mis dans le chapeau. Si tu penses être le meilleur, va le prouver. Je pense toujours être l’un des meilleurs et je vais le prouver. »

Il suffit de regarder la rapidité avec laquelle Ben Whittaker (8-0-1, 5 KO), soutenu par BOXXER, a été largement critiqué, ou Zach Parker (26-1, 18 KO) écarté après un résultat inattendu, pour comprendre pourquoi le débat sur le risque et la récompense est toujours d’actualité.

Parker n’est plus le même depuis qu’il a fracturé sa main droite après quatre rounds dans un éliminatoire pour un titre mondial contre le désormais retraité John Ryder, tandis que Whittaker peut dissiper certains doutes sur son véritable niveau en étant la tête d'affiche à Birmingham avec le match revanche contre Liam Cameron prévu pour le 20 avril.

Parker et l'ancien champion du monde WBA des super-moyens Callum Smith (30-2, 22 KO) combattent désormais à 175 livres, désireux de prouver qu'il leur reste de l'énergie pour réussir.

Smith affronte l'ami de longue date d’Azeez, Joshua Buatsi (19-0, 13 KO), pour le titre mondial intérimaire WBO du Croydonien, dans le cadre d’une sous-carte bien remplie avant le combat Artur Beterbiev contre Dmitry Bivol à Riyad, en Arabie Saoudite ce week-end. Azeez reconnaît que c’est un affrontement difficile et qu’il connaît bien les deux boxeurs, mais il penche plutôt pour Buatsi et s’attend à ce que leur affrontement vole la vedette.

« C’est un combat génial, tu as deux combattants qui vont de l’avant et des frappeurs... un lion affamé contre un gars qui a déjà été là, fait cela et a le t-shirt. Callum n’a perdu que contre deux champions incontestés [Canelo et Beterbiev], ce sera définitivement le combat de la soirée, peut-être même un prétendant au combat de l’année. Callum est un combattant phénoménal et un frappeur sous-estimé, je l’ai vu en live sur les pads, mais je vais pencher pour Joshua qui gagne parce qu’il est le jeune prometteur dans ce combat difficile. »